Vendredi 27 septembre
Je m’appelle Sakura Kinomoto. À 21 ans, je me prépare à partir pour la Chine afin de devenir coiffeuse professionnelle. Je dispose d’un diplôme de BTS de Commerce. Mais après plusieurs mois de travail, ma passion pour la coiffure a pris le dessus.
La rentrée a lieu dans une semaine. Il est bientôt neuf heures. Je m'examine une énième fois dans le miroir de ma chambre pour vérifier si je n’ai rien oublié. Mes yeux vert émeraude sont prononcés d’un maquillage Smokey et ma peau bronzée due au soleil de cet été, donne beaucoup plus de chaleur à mon teint de pêche.
Une semaine avant mon départ, je suis allée chez le coiffeur pour qu'il me rajoute quelques mèches plus claires par rapport à mes cheveux couleur miel. J'ai agrémenté mon chignon désordonné et quelques mèches lâchées d’une barrette en forme de fleur de la même couleur que mes yeux.
Mon tee-shirt gris clair et mon jean slim épousent assez bien mes formes. Ni plus, ni moins. Je suis de taille plus petite que la moyenne. Pour me mettre à l’aise lors du vol, je me chausse de petites sandales grises et noires et pour ma veste, j'opte enfin pour mon gilet blanc court à manches trois quarts. Oui, parce que j'ai mis une bonne heure avant de me décider. Le reste de mon armoire ira dans ma valise.
« Sakura, tu es prête ? me demande mon père
- Oui, j’arrive ! lui répondis-je. Je finis de rassembler mes dossiers. »
Mon père Dominique, un grand brun aux yeux marron qui exerce dans l’archéologie. Malgré ses absences dues à son métier, il est pour moi un père formidable. Ma mère est morte à mes trois ans. Mon frère aîné, Thomas a eu 26 ans cette année. Il est parti vivre en France avec son petit ami Matthieu. À part son côté protecteur et enquiquineur de service, il peut être adorable quand il le veut. Inutile de vous expliquer quand sa présence, il est rare pour moi de pouvoir sortir avec un garçon.
Après le départ de mon frère, il y a trois ans, mon aventure amoureuse a pris un autre tournant. Et cela, c'est peu de le dire.
Mes aventures ne mènent jamais loin. Trois mois tout au plus. La plupart du temps, c’est moi qui pars. Va savoir pourquoi. Je me sens bloquée à un moment donné. J'envie les filles qui gardent de longue relation. J'espère secrètement trouver mon âme sœur. Puis un beau jour, j'ai rencontré Eichi Hastuno.
Aujourd'hui, il continue son École de médecine. Un grand garçon blond aux yeux gris. Il n’est pas un tombeur, mais c’était un garçon pour qui j'aurais pu faire n’importe quoi. On est sorti deux ans ensemble. Enfin…, cela n’a pas dû être le cas pour lui, car par la suite il menait une double vie. Comme il suivait une formation de deux ans à trois heures de Tomoeda, il avait décidé de loger dans un appartement. Plus le temps passait et plus je sentais qu’il devenait distant le week-end. Cela allait jusqu’au jour où il me trouvait des excuses pour ne plus venir me voir. Puis un samedi soir, en déniant revenir, il m'a annoncé, qu’il avait rencontré quelqu’un et que cela faisait bientôt un an que cela durait. Qu’il n’avait plus de sentiments pour moi, mais qu’il voulait être honnête. Je me suis demandé à quel moment, en un an, il lui a fallu réfléchir pour enfin me l’annoncer. Où est la franchise là-dedans ? De ce que j'ai pu savoir, cette fille fait aussi partie de sa formation et que depuis peu, ils vivaient ensemble. Ce fut une immense déception.
Tiffany, ma cousine et à la fois ma meilleure amie m’a plusieurs fois mis en garde contre lui et aujourd’hui, je me demande encore, comment j'ai pu ne pas l’écouter. L'amour sans doute, et l'espoir de croire qu'il était parfait. Mon frère et mon père ne connaissent pas la vraie raison de ma rupture. J'ai prétexté qu’on ne se voyait pas assez à cause de la trop longue distance. Après cela, j'ai tiré un trait sur mes relations amoureuses en me disant que ce n’est pas pour moi. Mon père passe devant ma chambre.
« Tiffany a appelé, elle part de chez elle, m'informe mon père. »
Ma petite Tiffany part aussi pour l’aventure. Elle y va pour exercer son métier de stylisme à son compte. De toute façon, il est hors de question de partir sans elle. Pourquoi apprendre le métier de la coiffure en Chine ? Eh bien, pour découvrir enfin le pays que je convoite tant. J'ai travaillé assez dur pour économiser suffisamment pour financer le billet, le loyer et l’ameublement de l’appartement. Il faudra chercher un petit boulot pour les besoins supplémentaires. Mon père s’est chargé de financer mon année d’études ainsi que la mallette avec tout le matériel pour exercer qu’ils nous mettront à disposition. Je me sens mal à l’aise face à cela, mais sais que sans cela, je n’aurai jamais pu rentrer dans cette école. Alors, mon objectif est de financer mon logement. D’ailleurs, j'ai laissé Tiffany se charger de trouver un appartement. Elle y tenait tellement que l’en empêcher aurait été comme si je massacrais un animal sans défense. Aussi la mère de Tiffany, Sonomi, a tenu à se charger de me trouver une entreprise de coiffure pour mon stage de douze semaines. Elle se nomme « Dimons di Hirragizawa », apparemment un établissement assez bien connu. Du moment que je peux apprendre le métier, c’est le principal. Je descends l'escalier quand j'ai l'impression d'oublier quelque chose.
« J’ai oublié quelque chose…
- Viens d'abord déjeuner, déclare mon père.
- Oh ! mes dossiers de l’établissement, je les ai laissés sur le lit ! dis-je en remontant dans ma chambre.
- Elle a l’air d’avoir grandi, mais son côté tête en l’air est toujours là par contre, glousse-t-il.
- Je t’entends ! grondais-je du haut des escaliers
- Mais oui, allez viens manger quelque chose. »
Plus tête en l'air que moi, je me demande s’il y en a. Mais il n’est pas obligé de me le faire remarquer à chaque fois ! Cela me rappelle qu’un soir, j'avais invité Tiffany et d'autres amies à manger à la maison. Je voulais leur faire des frites. Un repas original. J'ai laissé chauffer l'huile. Au bout de cinq minutes, comme je voyais que l'huile m'était du temps à chauffer, je suis repartie à table pour manger l'entrée. On s'est aperçu que quelque chose n'allait pas quand on a vu la fumée au plafond. J'avais mis la cuisine tout en dessus dessous. Enfin, je peux vous dire que, depuis, je n'ai plus jamais refait de frites. Du moins pour la sécurité de tous disait mon père.
On est tous les deux à table. On raconte nos journées de la veille quand on entend sonner à la porte.
« Cela doit être Tiffany, suppose-t-il en regardant sa montre. Et pile à l’heure pour aller à l’aéroport !
- Je vais lui ouvrir ! m'exclamais-je en me précipitant devant la porte. Bonjour Tiff ! Comment vas-tu ? »
Ah ! Tiff comme toujours se présente bien. Elle avait laissé ses cheveux raides noirs sur le dos. Ils sont demi-longueurs et entourent parfaitement son visage au teint de porcelaine. Son collier violet rappelle la couleur de ses yeux. Elle est, je dois dire mystérieuse, folle et douce à la fois. Aujourd’hui, elle a décidé de porter une jupe violette légèrement bouffante, d’un haut noir avec son gilet gris clair. Avec ses chaussures noires, on aurait dit une demoiselle de France. D’ailleurs, la France lui inspire aussi toutes sortes d’idées pour ses créations.
« Oui, je vais bien, enfin cela pourrait aller mieux… Je n’ai pas pu tout emporter… Je me demande pourquoi il y a un poids et un nombre de valise à respecter. Du coup, j’ai dit à ma mère de m’envoyer le reste à notre adresse. »
Là je pense qu'elle plaisante. Cela fait depuis le collège qu'elle a commencé à confectionner toutes sortes de tenues vestimentaires. Si elle veut tout amener, on peut compter deux camions à ras bord pour accueillir ses tenues.
« Mais attend, tu as vu le nombre de tes créations ! Et je ne te parle même pas de ton dressing. Elle va mettre un mois à tout envoyer ! Oui, j'exagère un peu, et puis est-ce que l’on aura la place dans cet appartement ? Avec la moitié du salaire que je me suis fixée...
- Ah ! à ce niveau-là, il n'y aura aucun souci de place, m'interrompit-elle avec un grand sourire.
- Comment cela aucun souci de place ? » lui demandais-je.
À ce moment, j'ai peur de ce que je vais découvrir là-bas. La connaissant, elle n’y est pas allée de main morte. Le loyer sera multiplié par quatre. C’est très dur de faire affaire avec une riche. Je soupire déjà avant même d'avoir vu cet appartement. Je pense que je vais travailler deux fois plus en dehors des cours.
« Enfin… dis-je en soupirant tout en me frottant le front. On verra bien. On va charger les valises dans la voiture !
- Laissez, je vais les mettre.
- Enfin papa, on peut t’aider.
- Non, j’y tiens et puis on ne va pas se revoir pendant un bon bout de temps. Tu m’appelleras dès que tu seras arrivée ?
- Oui bien sûr. »
C'est à ce moment-là que Tiffany a la bonne idée de me sauter au cou. C’est une manie chez elle en ce moment. Enfin cela lui arrive depuis que l’on a le projet d’aller en Chine pour entamer nos carrières.
« Oh ! Ma puce, j’ai hâte d’y être. Je vais faire connaître toutes mes créations, dit-elle avec un grand sourire.
- Oui… Je sais que ton immense talent sera reconnu. Où sera… ton entreprise ? tentais-je de lui demander tout en essayant de respirer. Quand Tiff enlace, une personne, je peux vous dire que c'est quelque chose.
- J’ai loué un local à vingt minutes de l’appartement. Mon entreprise verra enfin le jour. Je compte sur toi pour m’aider le week-end. »
Tiffany vient enfin de me lâcher. Je peux faire une grande réserve de bol d’air frais. Si jamais, il lui reprend l’envie de m’étouffer.
« Bien sûr, je te l’ai promis. »
Tiffany a les diplômes nécessaires pour être styliste à son compte. En Chine, elle décorera son entreprise dans un premier temps puis l’aménagera avec ses centaines de créations et j’en passe. Elle m'a demandé de devenir son mannequin. J'ai accepté juste le temps pour elle de se faire connaître. J'ai été son inspiration pour les trois quarts de ses créations. Même si j’apprécie de porter ses tenues, cela reste à petites doses. Comprenez-vous bien que pour ma cousine le mot petit ne fait pas partie de son vocabulaire quand on parle de sa passion.
Je ne peux rien lui refuser et porter ses créations sont plutôt un privilège pour moi. Les seuls bémols de toute cette affaire seront les prises de photos ainsi que la parution dans sa vitrine. Je n’aime pas me mettre en avant. Quand j'étais plus jeune, j'étais extrêmement timide. Le théâtre m'a beaucoup aidée. Jouer un rôle qui n’est pas le mien avait eu un effet libérateur. Aujourd'hui, je m’accepte plus et m’affirme même si quelquefois, ce n’est pas encore gagné. Puis le métier de la coiffure va m'aider à acquérir plus d’assurance. Rendre les gens plus confiants physiquement est vraiment ce que je veux faire. Coiffer, mais pas seulement. Je voudrais par ailleurs montrer les valeurs que la personne ne voyait pas en elle.
« Saki ! m’appela Tiff.
- Oui, quoi ?
- Je suis sûre que tu n’as rien écouté de ce que j’ai dit ! bougonne-t-elle.
- Heu non désolée, j’étais dans mes pensées. Tu disais ?
- Je disais… Oh ! puis tu n’avais qu’à écouter. De toute façon, tu le découvriras sur place. », répondit-elle avec un grand sourire.
Quand Tiffany se met à sourire, il vaut mieux se préparer au pire. Est-ce que j’ai pris la bonne décision de partir en Chine ?
« De quoi tu parlais ? insistais-je sur le sujet.
- Eh bien, … commence celle-ci.
- Ça y est les filles, nous allons pouvoir y aller. Direction l’aéroport ! s’exclame mon père.
- Allons-y ! » crie Tiffany.
Nous voilà en direction de l'aéroport. Dommage que mon père soit intervenu à ce moment-là. Je ne vais pas pouvoir savoir ce que Tiff voulait me dire. Je vais avoir tout le temps de la questionner lors du voyage.
« Alors ! Ma Saki quelle est la première chose que tu vas faire en Chine ? me demande-t-elle dans la voiture.
- Il faudra que l’on achète le nécessaire pour meubler l’appartement. Ou plutôt je vais d’abord voir ce que tu nous as trouvé comme appartement et puis j’aviserai. Il faudra aussi que dans la semaine, je passe à l'école. Ils nous ont demandé d'y aller une fois avant la rentrée.
- Tu m’enverras des photos de ton école ? demande mon père.
- Oui, avec l’appareil photo que m’a offert Thomas, je te les enverrai par ordinateur.
- Tiens Saki, j’ai dessiné différents croquis de ma marque « Tuiheisen », m’annonce-t-elle en me les donnant.
- Tous tes croquis sont très jolis. Je trouve que celui-ci avec le tissu vert et les ciseaux dans ta main représente mieux ta profession.
- Je vais voir un professionnel pour créer l’image de ma marque. J’ai rendez-vous avec lui mercredi. On est samedi, cela nous laisse… trois jours pour penser à la décoration de mon entreprise. Et je tiens à ce que tu m’accompagnes, ton avis compte avant tout. »
Après plus de trente minutes de trajet nous voilà enfin arrivés à l'aéroport. Je n’ai jamais pris l'avion. J’espère que tout ira bien.
« Bien, tous vos bagages sont là. Je vais aller les enregistrer. »
Je suis à la fois pressé de partir et aussi pas bien de quitter mon père. Je suppose que mon envie de partir est pour tourner définitivement la page avec Eichi. Pour lui montrer que moi aussi j'ai envie et je peux avancer. Je n'éprouve plus rien pour lui, mais je sens qu’il faut que je montre que je peux passer à autre chose.
« Ne me dis pas que tu penses encore à Eichi ! me gronde-t-elle.
- Ah lui ! Comment pourrai-je m’attarder sur lui ? D’ailleurs, ce départ va me permettre de tourner enfin la page.
- C’est juste un imbécile qui ne te méritait pas ! Je suis sûre qu’en Chine, tu vas enfin rencontrer l’homme qu’il te faut.
- Oh ! Tiffany, cela m’étonnerait beaucoup. Et même si par hasard, cela devait se passer, tout tombera à l’eau. Dès que je commence à m’attacher à un garçon, j’enchaîne gaffe sur gaffe. Il ne faut pas s'étonner pourquoi cela ne marche pas avec moi. C’était comme cela avant Eichi.
- Oui, mais tu es quand même sortie avec des garçons.
- Oui, enfin, tu as vu le résultat ! Au final, cela aurait été mieux de ne rencontrer personne.
- Disons aussi que tu n’attendais pas de vraiment les connaître, remarqua Tiffany.
- Je m’emballais vite.
- Trop vite et surtout avec l’autre imbécile !
- Je devais être sourde en plus d’être aveugle pour ne pas me rendre compte de ce qu’il faisait. Il faut le faire quand même !
- Je ne te le fais pas dire… Mais je ne m’inquiète pas pour toi. Malgré ton air timide, tu trouveras ta perle. »
Tiffany est vraiment une amie formidable. Cette amie qui t’écoute quand tu veux parler, qui connaît beaucoup de choses sur toi, qui te reprends quand il le faut, qui te fait exploser de rire. Cette personne importante pour toi qui t’accepte comme tu es et surtout qui respecte la personne que tu veux être. J'espère être cette même personne pour elle. En ce moment, j'ai plus l’impression de parler de mes problèmes que Tiffany. Je devrais moins penser à moi.
« J’ai tiré un trait définitif ! m’exclamais-je. Et puis cela ne peut pas m’arriver, c’est impossible. De toute façon ma priorité, cette année est d’avoir mon diplôme ! Et de m’occuper sincèrement de ma meilleure amie et de son amoureux secret. »
Mon père revient vers nous.
« Bien voici vos billets, vos valises vont être mises dans l’avion. Allez, vous me faites un câlin ?
- Papa, on a 21 ans quand même… » marmonnais-je le plus bas possible tout en essayant de me faire entendre par mon père.
Ce n’est pas tellement par rapport à notre âge, mais voir des gens nous regarder à ce moment-là me gêne beaucoup. S’il y a bien une chose que je déteste, c’est attirer l’attention.
« Et alors ! s’exclame-t-il, embrasse ton vieux père »
On est allée toutes les deux dans ses bras. Celui-ci depuis longtemps considère Tiffany comme sa deuxième fille. Tiffany n’a que sa mère. Son père est parti lorsqu’elle était bébé. Elle a dû le revoir une fois et c'est tout, après elle n’eut jamais de nouvelle de lui. Mais elle ne comptait absolument pas en avoir. Elle restait indifférente face à cela.
« Faites attention à vous, prenez soin de vous, appelez-moi au moins toutes les semaines. Trouvez-moi, l’homme de vos rêves… commença-t-il a s’emporter.
- Papa…
- Quoi ? Un jour je veux être grand-père !
- Avec moi cela ne risque pas d’arriver, je vais finir vieille fille. Thomas s’il se met à l’adoption. Demande plutôt à Tiff !
- Ah ! Ma fille, tu es désespérante… » soupire mon père.
Aéroport : l’avion à destination d’Hong Kong va bientôt décoller. Nous invitons les hôtes à se diriger vers cette entrée.
« Allez, filez, je t’informerais de la date de mon départ en fouilles archéologiques, car tu ne pourras pas m’appeler de là-bas. Il y a un très mauvais réseau. »
La situation sera compliquée pour se parler. Même si je savais que cela allait arriver, je me sens mal.
« À bientôt, je t’aime !
- On se reverra ma puce, et puis le temps va vite passer. Je t’aime aussi !
- À bientôt Dominique.
- À bientôt Tiffany ! excelle dans ton métier, je compte sur toi aussi.
- Promis ! »
On se dirige vers l’allée en direction d’Hong Kong. De plus en plus, on a du mal à apercevoir mon père jusqu’à ce qu’il disparaisse totalement de notre champ de vision. Une fois à l’entrée de l’avion, nous allons vers la direction indiquée par l’hôtesse. Bien que pour Tiff, cela soit un nombre incalculable de fois qu’elle prend l’avion, je ne suis pas vraiment rassurée.
« Hey saki ! Je vois nos places ! »
Arrivées à la hauteur des sièges, on se dépêche de ranger nos sacs et de ne garder que le nécessaire durant le vol. Nous sommes ravis d’être enfin assises.
« Ah ! Bien, on a quatre heures de vol environ. On arrivera vers quatorze heures, je ne compte pas dormir durant ce vol-là. Ce vol qui nous amène à notre réussite…
- Tiff ! Tu recommences. » Dis-je en soupirant.
Quand je sens que Tiffany part dans un monologue, je l’arrête avant que cela ne devienne impossible.
« J’ai apporté plein de magazines. Des tests sur l’amour, l’amitié, j’ai aussi apporté ma tablette et deux paires d’écouteurs pour regarder un film.
- Va pour le film ! proposais-je à Tiff sachant déjà ce qu'elle allait me dire.
- Saki ! tu n’es pas drôle.
- Je plaisante. Dis-moi, tu ne m’as toujours pas raconté pour ton amoureux secret. »
Tiffany correspond par mail avec un garçon qu’elle avait rencontré lors d’un voyage en Angleterre. Elle y est restée une semaine avec sa mère. Deux jours avant son départ, elle avait sympathisé avec ce garçon en question. Ils avaient échangé leurs adresses mail avant de se quitter.
« Bas, tu sais, cela fait un an maintenant. Puis j’ai perdu le mot passe de ma boîte mail, il y a trois mois. Il a dû m’oublier.
- Il est de Chine, vous allez peut-être vous revoir.
- Cela m’étonnerait...
- Mais de quelle ville est-il ?
- Hong Kong…
- Tu vois ! C’est là que l'on va. Je suis sûre que tu vas le revoir, l’assurais-je.
- Il y a peu de chance. Je ne lui ai pas dit que je venais. Et trois mois sans nouvelles…
- Il s’appelle comment déjà ?
- Eriol Hirragizawa
- Hirragizawa, dis-tu ? Ce nom est présent dans le nom du salon où je vais réaliser mon stage.
- Cela ne veut pas dire grand-chose. C’est sûrement un hasard.
- Oui, si tu le dis. En tout cas, je serais ravie de savoir qui a fait chavirer le cœur de ma meilleure amie. »
Le reste du voyage se fit sans encombre quoique lors du décollage, j'ai légèrement perdu mon sang-froid. Au point de broyer la main de ma cousine. Pour l’atterrissage Tiffany a pris le soin de ne pas me réveiller. Je suis une marmotte avec le sommeil extrêmement lourd. D’ailleurs, Thomas est celui qui en a le plus souffert. Lors d’un hiver, un soir de boîte de nuit, je dormais seule dans la maison. À l’époque, on n’a pas eu l’idée de faire des doubles de clés. J'ai retrouvé le lendemain, Thomas congelé et collé à la porte d’entrée. Je me retrouvais toute confuse de ne pas l’avoir entendu « tambouriner » à la porte. Il était rentré à cinq heures ce soir-là. Et puis j'avais eu la bonne idée de traîner au lit. Je m’en souviendrai toujours de cette anecdote. Pour me faire pardonner, j'ai dû être de ménage pendant au moins un mois.
Les passagers commencèrent à quitter l’avion. Tiffany a le secret pour me réveiller. Il faut que je ressente le froid. C’est avec un magazine qu’elle se mit à m'envoyer de l’air frais au niveau du cou. C’est ainsi après vingt secondes de frissonnement que je me réveille.
« Réponds-moi saki que tu es allé consulter quelqu’un pour ton épouvantable sommeil lourd.
- Si, mais je ne peux pas faire grand-chose. À part ça, il n'y a que le réveil de mon portable. Et encore quand le volume est mis au maximum.
- Au moins quand tu es réveillée, tu n’as pas l’idée de te rendormir.
- Non, et heureusement. »
On se dépêche de rassembler nos affaires et de suivre la file. On nous indique ensuite le chemin pour aller récupérer les valises.
« Il va falloir trouver un taxi pour se rendre à l’appartement.
- Ce ne sera pas la peine. Une personne va venir nous chercher.
- Heureusement que tu sais déjà parler chinois Tiff, je sais me débrouiller, mais mon accent n’est vraiment pas terrible.
- Bah tu t’y habitueras. Cela viendra tout seul. »
On était devant l’aéroport de Hong Kong quand un garçon arriva vers nous. Il était en costume, sans doute, un homme d’affaires.
« Bonjour, vous êtes Tiffany et Sakura ?
- Heu oui, c’est nous. Comment savez-vous cela ? demande Tiffany.
- Enchanté ! Stéphanie m’a prévenue de votre arrivée, nous dit-il. Je vais vous conduire à l’appartement.
- Et vous êtes ?
- Yohan, le petit ami de Stéphanie. Elle n’a pas pu venir vous chercher. Elle avait un rendez-vous de dernière minute. Suivez-moi ! »
Je suis complètement perdu. Qui est Stéphanie ? D’où sort-il d’abord ? Est-ce que ce n’est pas un mec descendu de la planète mars qui s’est déguisé pour mieux nous enlever ? Tiffany qui le suit sans poser de questions. Je sens le coup venir. C’est sûrement de cela qu'elle veut me parler. J'aurais dû prêter une double attention à ce qu’elle me disait plus tôt. À y regarder de plus près, ce garçon est blond aux yeux bleus. Assez grand, mais pas trop. Avec sa voix calme et douce, il a l’air d’être sympa. J’ai hâte de savoir qui est Stéphanie. À mon avis, je ne suis pas au bout de mes surprises.